Décembre 1989
J’ai 16 ans. Je suis dehors. Il fait tellement froid. Il doit faire -25°C, mais je ne le sens pas. Des gens viennent me voir pour m’apporter une tuque et des mitaines. Ils boutonnent mon manteau que j’ai oublié de fermer. On me demande d’entrer à l’intérieur. Mon regard est vide.
Je ne ressens rien. Je suis morte par en dedans. La vie s’est arrêtée il y a quelques jours. Cette journée où le téléphone a sonné pour nous dire que tu étais partie Mamie. Je n’ai même pas pu te dire au revoir une dernière fois.
Je suis dehors. Il fait tellement froid. Je ne ressens plus rien. On vient de te mettre dans la chapelle. Je ne veux pas te laisser. Je viens de ressentir que l’AMOUR fait mal quand on le perd. Et je viens inconsciemment de fermer mon cœur pour arrêter de souffrir.
Dans les mois qui ont suivi ton décès, j’ai essayé d’être un pilier pour maman. J’ai vraiment essayé, tu sais. J’ai l’impression de ne pas avoir réussi. Papa Émile t’a suivi de quelques mois. On a vendu la maison, mon havre de paix. J’y suis retournée souvent avant qu’on la vende pour manger par terre dans le salon, juste pour ressentir ta présence.
J’ai aussi perdu toutes mes amies, me retrouvant seule dans ce monde où je ne voulais plus être. Et il y a eu l’accident l’été suivant. Cet accident que mon corps me rappelle douloureusement tous les jours ces derniers temps. Ce corps qui veut seulement m’indiquer d’accepter de refaire circuler la vie en moi.
Février 2023
Aujourd’hui, le barrage a cédé.
J’ai compris que je n’ai jamais été m’occuper de cette jeune fille de 16 ans qui est dehors et qui a froid. Celle qui venait inconsciemment de prendre la décision de fermer son cœur à l’amour.
Cette jeune fille qui avait associé l’AMOUR avec DOULEUR.
Cette jeune fille qui était trop occupée à s’occuper de sa mère et des autres pour aller panser ses propres blessures. Cette jeune fille qui fuyait par tous les moyens ce moment où elle devrait plonger dans sa propre souffrance.
Aujourd’hui, j’ai été lui parlé Mamie. Au lieu d’être en colère contre moi, contre l’accident que j’ai l’impression « d’avoir provoqué », j’ai vu et ressenti ma souffrance de l’époque. J’ai été une mère pour moi-même aujourd’hui Mamie. J’ai fait ce que tu aurais fait avec moi si tu avais été là. Et j’ai pleuré avec cette jeune fille. Une sensation de feu intense dans le dos tout le long de la colonne a monté en moi tant la tristesse refoulée avait besoin de sortir. Un volcan en éruption. Le barrage a enfin cédé. J’ai pleuré toutes les larmes que mon corps pouvait pleurer. Je me suis autorisée à ouvrir ce cœur fermé à double tour pour aller toucher à ce vide que ton départ avait installé dans mon cœur.
J’ai alors compris cette résistance en moi. Cette résistance à ouvrir mon cœur à l’amour que les autres me donnent, à l’amour que je suis, à la résistance à mettre en place ces enseignements d’amour qu’on me demande d’écrire et que j’ai tellement envie d’écrire. Mais pour les écrire, mon cœur a besoin d’être pleinement ouvert pour faire circuler cet amour à travers la vibration de ces mots qui vont venir à moi.
Et je résistais à ressentir pleinement cet amour. Par peur de le perdre à nouveau.
Tu es alors arrivée près de moi Mamie aujourd’hui.
J’ai ressenti ton amour inconditionnel. Cet amour qui n’est pas perdu et qui est toujours à l’intérieur de moi. Cette graine d’amour que tu as mis dans mon cœur d’enfant juste par ta présence dans ma vie.
Tu m’as chuchoté : « Rappelle-toi Dany, tu écrivais déjà quand tu étais enfant. Suis de nouveau ce que ton cœur d’enfant a envie de faire tout simplement et je serai avec toi. Mets en place ces projets que tu avais déjà en toi quand tu étais enfant. »
Tu as ajouté : « Il est temps Dany d’ouvrir de nouveau ton cœur à l’amour. Accepte de le recevoir et n’aie plus peur de le perdre. Accepte de le ressentir. Accepte de le transmettre également. Car tu es cet AMOUR. Et toi aussi, tu peux semer des graines par ta présence. »
Merci, Mamie, pour ce petit « café virtuel » dans l’invisible. Il m’a fait du bien. J’avais besoin de ta présence aujourd’hui. Je t’aime.
À toi qui lis ces mots…
Les énergies que nous recevons actuellement nous poussent à ouvrir davantage notre cœur, à se défaire de cette résistance à ressentir pleinement l’amour en nous par peur de souffrir.
Plus tu résisteras, plus tu auras l’impression de tourner en rond. Et plus ton corps trouvera des moyens pour te le faire comprendre. Il a besoin de cet amour qui circule en lui. Ton corps a besoin de cette ouverture du cœur.
Le passage vers ce Nouveau Monde passe par cette expansion du cœur afin de ressentir pleinement cet amour circuler de nouveau en toi.
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